12 e anniversaire assassinat du prêtre Jean Pierre-Louis
Haïti-Justice : Revendications pour faire cesser l’impunité et sanctionner les auteurs d’assassinats politiques
mardi 3 août 2010
(Read the original article here)
P-au-P, 3 août 2010 [AlterPresse] --- La plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) et l’organisation paysanne « Tèt Kole Ti Peyizan » (Union des petits paysans haïtiens) réclament justice et réparation à l’occasion du douzième anniversaire, ce mardi 3 août 2010, de l’assassinat du prêtre catholique romain Jean Pierre Louis.
12 ans après, la justice haïtienne n’a toujours pas recherché ni puni les coupables de ce meurtre, dénoncent les deux regroupements dans une conférence de presse conjointe, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le douzième anniversaire de l’assassinat du père Pierre-Louis rappelle de nombreux cas d’impunité, enregistrés dans le pays, et amène, une fois de plus, des questionnements sur le fonctionnement de la justice haïtienne, affirment les responsables des deux regroupements.
« Généralement, les assassinats sont des assassinats politiques, et il y a des comportements politiques qui font que les enquêtes se poursuivent continuellement », relève Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Pohdh.
L’une des meilleures façons de sortir de cette situation, c’est de parvenir à un consensus pour réclamer une réforme de l’État. Réforme qui passera obligatoirement par une réforme de la justice, préconise la Pohdh.
« La question de la justice aujourd’hui est également une question politique. Je parle de Ti Jan, mais beaucoup de gens peuvent penser à Jacques Roche (journaliste et poète assassiné en juillet 2005), Jean Anil Louis Juste (professeur d’université, assassiné le mardi 12 janvier 2010, quelques heures avant le tremblement de terre qui a secoué Haïti), Jean-Marie Vincent (prêtre catholique romain, assassiné le 28 août 1994), Guy Malary (juriste assassiné en 1993), énumère, entre autres, le secrétaire exécutif de la Pohdh.
Diverses activités de mobilisation sont organisées dans le Nord-Ouest et dans trois communes du bas Plateau Central, pour commémorer le douzième anniversaire de la mort du prêtre, surnommé (en créole haïtien) Pè Ti Jan.
Le père Jean Pierre Louis a été assassiné le lundi 3 aout 1998, à Port-au-Prince, sur la cour du service œcuménique pour le développement et l’éducation populaire (Sedep), un espace qui regroupe des chrétiens catholiques romains et protestants, l’une des nombreuses organisations qu’il a contribué à mettre sur pied.
Il a passé la majeure partie de son ministère à Savanette, une commune du Plateau Central. C’est là qu’en tant que curé de la paroisse, il a encadré ou fondé plusieurs organisations de jeunes et conduit une véritable lutte pour la reforme de l’État civil en Haïti.
Arrêté à plusieurs reprises et persécuté par les « macoutes », miliciens de Duvalier, Ti Jan a poursuivi sa lutte aux côtés d’organisations de paysans et de femmes. Par la suite, il a travaillé à Léogane (à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale), puis à Bizoton (périphérie sud de Port-au-Prince), où il a dirigé la paroisse avant sa mort. C’est d’ailleurs dans son ancienne paroisse à Bizoton que ses funérailles ont été chantées en août 1998.
« Le passage de Ti Jean à Savanette, à Port-au-Prince (y compris Bizoton) a été très utile à beaucoup d’organisations », témoigne Mortimé.
« Aujourd’hui, si nous avons des organisations très revendicatives, plus d’une vingtaine de radios communautaires dans le pays, c’est grâce à son travail », estime-t-il.
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