Tuesday, April 15, 2014

Haiti's Association Nationale des Médias Haïtiens criticizes trend of authoritarianism of Martelly government vis-a-vis the press


L’ANMH rejette le recours systématique à l’autoritarisme par rapport aux pratiques de presse

"C’est dans la sérénité que nous devons traiter chaque situation..."

Publié le lundi 14 avril 2014

Radio Kiskeya

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L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) observe avec inquiétude la tendance systématique de recours du pouvoir à l’autoritarisme vis-à-vis des pratiques de presse.

Dans son discours d’investiture, le nouveau Ministre de la Communication, Monsieur Roudy Hériveaux qui, de l’avis général, doit particulièrement aux médias sa projection et son maintien sur la scène politique, a clairement menacé ces derniers dont il dit pourtant reconnaitre les mérites.

Dans la même logique, le Conseil National des Télécommunications (CONATEL) fait un << rappel à l’ordre >> à des médias qui s’adonneraient << systématiquement à la désinformation >>. S’agit-il de simples coïncidences ? Quelle que soit la réponse à cette interrogation, l’ANMH, la corporation des journalistes, l’opinion publique sensible à la sauvegarde des acquis en matière de liberté d’expression doivent être hautement préoccupés par ces manifestations anti-démocratiques, signaux avant-coureurs de graves menaces sur les conquêtes obtenues au prix de longues luttes citoyennes.

La presse haïtienne, dans sa diversité, a joué un rôle d’avant-garde dans la diffusion des valeurs universelles et dans le renforcement de la démocratie. L’ouverture démocratique initiée le 7 février 1986 à la fin de trente années environ de régime autoritaire, a eu pour conséquence de plonger toute la société, du jour au lendemain, dans la jouissance de libertés étouffées pendant trois décennies. La presse, comme guide, n’a pas échappé à cette période d’apprentissage. De son travail dépend l’évolution du nouveau système.

La jouissance de toute liberté peut entrainer des excès. Car, comme l’a observé Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage de référence « De la Démocratie en Amérique »

« En matière de presse, il n’y a pas de milieu entre la servitude et la licence. Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. Vouloir obtenir les uns en échappant aux autres, c’est se livrer à l’une de ces illusions dont se bernent d’ordinaire les nations malades... qui cherchent les moyens de faire coexister à la fois sur le même sol, des opinions ennemies et des principes contraires »

On ne saurait renoncer à la jouissance d’une liberté, parce que, soi-disant, elle est violée. C’est en prévoyant la façon de contrer les dérives que l’on préserve la continuité de la jouissance des garanties reconnues par la Constitution et par les lois.

En Haïti, les autorités doivent bien comprendre que notre peuple ne reviendra pas en arrière par rapport aux acquis démocratiques. C’est aux autorités de s’adapter à cette réalité en consolidant l’État de droit, en fortifiant les institutions. Les réflexes autoritaires face au constat de dérives réelles ou prétendues, doivent être abandonnés. L’expérience démocratique en cours est le seul cadre de référence viable pour maintenir notre pays sur la voie du changement. Et, Les premiers qui doivent changer, ce sont nos dirigeants.

La liberté de la presse est au service de la liberté d’expression. C’est dans la sérénité que nous devons traiter chaque situation, en évitant de porter préjudice au travail d’une corporation qui est au centre du débat démocratique et qui s’efforce d’être chaque jour, à la hauteur de sa mission et des attentes de la population.

Il est du devoir des autorités, dans toutes les sphères d’action, de comprendre la mission de la presse, le service inestimable qu’elle rend tous les jours à la société, pour faciliter le débat entre les différents acteurs. Toute volonté de désigner la presse du doigt de manière injustifiée, ne peut qu’aggraver d’inutiles tensions provoquées par de mauvais précédents. Et la suspicion légitime vis-à-vis de toute tentation autoritaire pourrait compromettre la participation de la population à la vie démocratique à partir de la plateforme des médias.

La liberté de la presse, nous le répétons, est un corollaire de la liberté d’expression dans un pays où la population, ayant reconquis les prérogatives de s’exprimer sur ses affaires, n’entend plus revenir au temps du silence imposé par la seule volonté d’un pouvoir de la zombifier.

Les dépositaires et gardiens des libertés publiques doivent agir à tout moment dans le respect des normes et des principes pour enlever aux contempteurs desdites libertés, tout prétexte de remise en question. Il y va de la démocratie, de la stabilité de notre société et de la continuité de cette belle expérience pour le renforcement d’acquis multiples pour lesquels, notre pays a payé un prix fort.

Liliane Pierre-Paul
Présidente de l’ANMH.

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