Entretien
René Préval : "La communauté internationale a confiance"
LE MONDE | 02.02.10 | 14h23 • Mis à jour le 02.02.10 | 14h23
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Port-au-Prince Envoyé spécial
René Préval, président d'Haïti depuis 2006, après un premier mandat de 1996 à 2001, défend son bilan anti-corruption.
L'ONG Transparency International s'inquiète de possibles détournements de l'aide qui afflue vers Haïti. Ces craintes sont-elles justifiées ?
J'ai fait de la bataille contre la corruption une priorité. Mais compte tenu de la faiblesse actuelle de l'administration haïtienne, nous n'allons pas nier qu'il y a des possibilités de corruption. Depuis que je suis président, que ce soit sous mon premier ou mon deuxième mandat, je crois avoir eu des premiers ministres au-dessus de tout soupçon. On ne peut pas dire, parce que le président ou le premier ministre ne sont pas corruptibles, qu'il n'y a pas de corruption. C'est une lutte que l'on doit mener avec les moyens que l'on a, et il faut renforcer ces moyens.
L'administration a été durement touchée par le séisme. Avez-vous les moyens d'éviter que la corruption sévisse ?
Transparency International exprime la perception de la corruption, pas la réalité de la corruption. Si cette ONG a des dossiers, qu'elle les rende publics pour que tout le monde soit édifié. A propos de la crainte que certains ont que l'aide internationale soit détournée par le gouvernement haïtien, je dis tout de suite que nous essayons de définir les priorités, mais que nous ne gérons pas l'aide. L'aide est gérée par l'USAID (l'agence de coopération américaine), par l'ACDI (son homologue canadienne), etc. L'aide des Nations unies est gérée par la Croix-Rouge, par le Programme alimentaire mondial (PAM).
La communauté internationale a-t-elle confiance ? Oui. La preuve, ce sont les transferts directs au budget de la République par la Banque mondiale, par la Banque interaméricaine de développement (BID) et le Fonds monétaire international (FMI). S'il n'y avait pas confiance, ils ne laisseraient pas la gestion de millions de dollars au gouvernement haïtien.
Etes-vous satisfait de la coordination de l'aide ? Cherche-t-on à vous imposer des choix ?
Après la catastrophe, il y a eu un mouvement spontané d'aide à Haïti. La coordination n'existait donc pas au départ. Mais au fur et à mesure, les agences essaient de coordonner leurs interventions, et c'est une bonne chose. Quand un Etat est faible, quand il est instable, les pays qui veulent l'aider passent par les ONG et on peut les comprendre. Il faut que les Haïtiens arrivent à la stabilité pour renforcer l'Etat afin que celui-ci puisse gérer ce pays.
Propos recueillis par Jean-Michel Caroit
Article paru dans l'édition du 03.02.10
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