Saturday, February 14, 2009

Nouvelle crispation politique en Haïti, sur fond de crise humanitaire

Nouvelle crispation politique en Haïti, sur fond de crise humanitaire

LE MONDE | 13.02.09

SAINT-DOMINGUE CORRESPONDANT

(Read the original article here)

Les principaux bailleurs de fonds d'Haïti ont exprimé leur inquiétude à la suite de l'exclusion des candidats de la Famille Lavalas, le parti de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, aux élections sénatoriales prévues le 17 avril prochain. Cette dégradation du climat politique intervient alors que la situation humanitaire demeure très précaire.

L'envolée des prix alimentaires avait provoqué des émeutes de la faim en avril 2008, puis quatre ouragans avaient dévasté cette petite République des Caraïbes où près de 80 % de la population vivent avec moins de 2 dollars par jour (1,54 euro).

Le président René Préval s'est rendu il y a quelques jours à Washington, où il a demandé à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton une aide urgente de 100 millions de dollars (77,4 millions d'euros). Une nouvelle conférence des donateurs devrait avoir lieu en avril à Washington.

Soulignant que "la crédibilité d'une élection basée sur l'exclusion sera inévitablement mise en question", l'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince a appelé les autorités électorales au dialogue. L'ambassadeur du Canada, l'Organisation des Etats américains, l'Union européenne et la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) ont la même préoccupation. Ces bailleurs de fonds financent plus de 70 % du coût de la consultation (16 millions de dollars), pour le renouvellement d'un tiers du Sénat.

Le Conseil électoral a rejeté 40 des 105 postulants. Parmi les exclus figurent les 16 candidats de la Famille Lavalas, mais aussi des responsables d'autres partis comme Guy Philippe. Ancien chef de la rébellion qui avait obtenu le départ en exil de Jean-Bertrand Aristide en 2004, Guy Philippe est sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par la justice américaine pour trafic de drogue.

CRIMES ET MALVERSATIONS

Le président du Conseil électoral, Frantz Gérard Verret, s'est dit "stupéfait des commentaires inexacts et abusifs" de la communauté internationale. Il a regretté que "ces amis d'Haïti, inquiets pour le financement qu'ils se sont engagés à apporter en vue de la réalisation des élections, n'aient pas offert, à temps, leurs bons offices pour une médiation" entre les deux factions se disputant le parti de l'ancien président Aristide, exilé en Afrique du sud.

Le Conseil électoral a justifié l'exclusion des candidats de la Famille Lavalas par le fait que deux listes concurrentes avaient été déposées en son nom. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a appelé le Conseil électoral à exclure "les individus inculpés de crimes graves ou dénoncés par la clameur publique pour éviter de transformer le Sénat en un repaire de bandits". Cette organisation a dressé une liste de neuf candidats appartenant à différents partis et impliqués dans des affaires de drogue, des crimes et des malversations. Le seul qui n'a pas été exclu est un candidat du parti présidentiel L'Espoir, Moïse Jean-Charles.

En visite à Port-au-Prince le 7 février, le ministre français de l'agriculture Michel Barnier a souhaité que tous les candidats soient "respectés et respectables", ajoutant que "toutes les sensibilités doivent pouvoir s'exprimer".

Jean-Michel Caroit

No comments: